Essai: Lancia Beta 1800 Groupe 4
Par Bruno Sacré, le vendredi 10 janvier 2020 - ESSAIS AUTO - Lien permanent - 26293 lectures
Dans les épreuves de régularité pour voitures historiques, certains modèles font parfois preuve d’originalité. La Lancia Beta d’Aimé Reynouard fait partie de ces autos qui attirent de suite l’attention des concurrents et des spectateurs. Elle est d’ailleurs souvent bien esseulée au milieu des Porsche 911 ou des Ford Escort RS, ce qui la rend, bien entendu, exclusive.
Quelle est la notoriété de ce modèle ? La carrière de la Lancia Beta Coupé au Championnat du Monde des Rallyes a duré deux saisons : 1974 et 1975. La voiture a été homologuée par la F.I.A. le 1er Octobre 1974 soit sept mois à peine après son lancement commercial en Italie dans deux catégories: en Groupe 3 avec un moteur à 8 soupapes et en Groupe 4 avec une culasse Abarth 16 soupapes.
La Beta fut engagée la première fois en rallye au San Remo sous les couleurs de Marlboro, alors sponsor officiel de la Squadra Corse Lancia. Après à peine deux saisons de Championnat du Monde des Rallyes, le développement de la Lancia Beta passa en second plan pour laisser la place à la mythique Stratos, qui courait en même temps. La Beta connut alors de gros soucis de jeunesse dans les rallyes difficiles comme l'Acropole ou le Safari, notamment au niveau de la transmission. En 1975, ne sont assemblées que des Beta Gr. 4 dont le développement se fera directement en course au fil desquelles des améliorations sont apportées.
Au final, la voiture est souvent bien placée en course surtout face à la domination quasi systématique des propulsions de l'époque dont la Lancia Stratos. Mais c’est déjà la dernière saison officielle pour la Lancia Beta Coupe Groupe 4, qui court maintenant aux couleurs d’Alitalia, nouveau sponsor de la Squadra Corse. Lancia lui préfère logiquement la Stratos. La Beta est enterrée ! Néanmoins, nous retiendrons que sur 13 mois de compétitions, nous la retrouvons classée dix fois dans le top 10 en 11 engagements.
La Beta a donc été une très bonne auto de course, eu égard au peu de moyens employés pour la rendre compétitive puisqu’elle remporte - au même titre que la Lancia Stratos de la même écurie - le Championnat du Monde des constructeurs en 1974 et en 1975. Elle a aussi été engagée dans plusieurs épreuves des Championnat d’Italie ou d’Europe. Après 1975, Le Réseau Chardonnet fit l’acquisition d’une de ces Beta Groupe 4 qui fut engagée dans diverses épreuves du Championnat de France ou encore aux 24 Heures de Chamonix pour Bernard Darniche et Jean Louis Clarr.
Aimé Reynouard, intéressé par ce passé somme toute intéressant, a fait l’acquisition d’une Beta en vue de participer à des rallyes historiques dont le fameux Rallye de Monte-Carlo qu’il a disputé déjà de multiples reprises. Sa Lancia est présentée aux couleurs de Cinzano, une des décos officielles dont ce modèle a été paré. Fidèle à l’histoire, cette voiture peut d’ailleurs se targuer d’un solide palmarès en régularité, Aimé disputant de nombreuses épreuves comme pilote ou copilote, son tempérament généreux lui faisant souvent offrir le volant à de nombreux candidats pilotes!
Mais installons nous dans la Lancia. A l’intérieur, on remarque de suite le soin apporté au confort de l’équipage : repose-pieds bien disposés ou encore petits filets dans les intérieurs de portières, sièges baquets confortables, la Lancia nous accueille dans un véritable cocon. Au niveau de la sécurité, un solide arceau six points participe à la rigidité de la caisse, mais il ne possède cependant pas de barres latérales. Mise en marche par bouton-poussoir comme sur les vraies voitures de course. Le 4 cylindres 1.800 cm³ s’ébroue avec bonne volonté. Le bruit est bien présent dans l’habitacle, sans gêner toutefois la communication entre les membres de l’équipage.
Essayer une auto sur route ouverte est une chose, mais avoir l’opportunité de profiter de la célèbre course de côte des Trois Epis à Turckheim en est une autre. Que trouver de mieux en effet que ces 6.3 km de virolos exigeants ? Le starter officiel nous libère et la Lancia s’élance. Quelques minutes de bonheur total plus tard, nous passons la ligne d’arrivée.
Quelles sont les impressions retenues ? Dotée d’un comportement dynamique superbement équilibré, l’auto se place sur les freins en légère dérive des 4 roues. C’est très sain et sécurisant. Pas de sous-virage intempestif ou de décrochement brutal du train arrière quand on coupe les gaz. La Lancia reste sereine en toutes circonstances! Elle s’avère très agile dans le serré et très stable dans le rapide où sa tenue de route est excellente.
La boîte possède un étagement vraiment bien choisi et présente un bon compromis entre le sport et – disons – le confort d’emploi que nécessite la pratique de la régularité, discipline de prédilection de son propriétaire. Le moteur de la Lancia qui cube 1.756 cm³ développe, après quelques modifications, un peu plus de 140 ch, ce qui compte tenu des 950 kg de la machine offre un rapport poids/performance correct. Il n’est pas dépourvu de noblesse, car il fut élaboré par Aurelio Lempredi, un transfuge de Ferrari. Double arbre à cames en tête à courroies crantées, soupapes inclinées à 65° et chambres de combustion hémisphérique, le 1.800 qui propulse la Lancia ne manque pas d’atouts. Le freinage est excellent. Le dosage de la pression de pédale s’opère avec précision et sans faiblir.
En conclusion, la Lancia Beta est vraiment une auto attachante et dans laquelle la sensation d’être dans une vraie auto de course est bien présente. Une voiture plaisir, donc !
Quelques caractéristiques :
- Moteur: 4 cylindres en ligne, 1.756 cm³, 140 ch
- Boîte: 5 rapports
- Suspensions: Mc Pherson et ressorts hélicoïdaux
- Freins: disques à l’avant et à l’arrière
- Frein à main hydraulique - Arceau 6 points
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