Essai: Porsche 911 2.7
Par Bruno Sacré, le vendredi 14 octobre 2011 - ESSAIS AUTO - Lien permanent - 8090 lectures
Photos: Photos : Bruno Sacré, « Kent », Aimé Reynouard, Bernard Vialar
Grâce à une personnalité hors du commun la Porsche 911 a traversé les époques avec les suffrages quasiment unanimes de chacun. Elle s'est d'ailleurs imposée partout. Des plus exigeants des circuits aux spéciales les plus dures des rallyes, elle a même vaincu le sable des déserts des Paris-Dakar pour devenir une véritable religion chez les amateurs d’automobiles sportives. Le modèle 2.7 ne déroge pas à cette affirmation.
Fainéantise de ma part, je vous fais grâce de la genèse du modèle. Un petit coup de Wikipédia et le tour sera joué, je préfère donc vous parler de ce qu'on ressent dans cette voiture et vous faire profiter de l’expérience que représentent 400 km de routes ardéchoises parcourus à son bord: en effet, quoi de mieux que les spéciales légendaires de cette partie du rallye de Monte Carlo pour tester une voiture ?
Avant de prendre le départ, je fais le tour de notre voiture que je trouve vachement sexy dans sa robe bleu foncé. Le capot plongeant cerné par les rondeurs des ailes avant, l'empattement assez court, les ailes arrières galbées et ce cul fuyant qui planque le berlingue appelé par les puristes « flat six » contribuent à la légende de la 911. Je trouve d’ailleurs que la ligne de la 2.7 est l’une des plus réussies de tous les modèles de 911 qui ont traversé les décennies. A noter pour le détail que le bandeau « Porsche » entre les feux arrière est apparu avec le millésime de notre modèle d'essai.
A l'intérieur, on ne parlera pas d’ergonomie, non. On trouvera ça... sympa. En tout cas, moi, j'ai bien aimé et mon mètre quatre-vingt s'y est bien senti. Mais je ne serai jamais objectif en parlant de la 911, je sais… L'instrumentation à 5 cadrans de la planche de bord tout comme le pédalier hérité de la VW Cox avec ses pédales qui s’enfoncent dans le plancher ainsi que le décalage des jambes vers la droite font eux aussi partie intégrante de l’icône Porsche. Assis derrière le volant à quatre branches qui tombe verticalement, j’admire cette vision sans nulle autre pareille derrière le pare-brise en pensant au nombre incroyable de grands pilotes qui auront vécu cette expérience.
Contact, clé à gauche. Le moteur s’ébroue mélodieusement et bien vite, nous voici au départ de la première étape. L’Ardèche, ça tourne tout le temps et notre voiture adore ça. Bien campée sur ses gros Bridgestone, la 911 vire bien à plat mais il est primordial de penser que le moteur est dans le sac à dos et qu'il faudra provoquer un transfert de masse en levant le pied ou en freinant un poil tout en inscrivant l'auto avec virilité dans la courbe sous peine de sous virer. Comme le disait avec humour je ne sais plus quel pilote: « On voit bien que les chevaux sont derrière, ils ne voient pas où ils vont ! ».
On ne se lasse pas d'emmener le moteur et ses claquements graves ajoutés au sifflement aigu vers la zone rouge avec le plus grand des plaisirs. Sacré berlingue ! Généreux et élastique, le bougre peut aussi bien se promener dans Valence pour aller au resto sur un filet de gaz en profitant de son couple. Mais le plus jouissif, c'est quand même de l'entendre hurler dans Burzet, Antraigues ou le Moulinon. Sa grosse voix se cogne à la roche et revient comme un boomerang dans mes oreilles pour mon plus grand bonheur. Un peu plus de 1.100 kg à remuer, un bon 200 ch: voilà de bons chiffres. Attention cependant: le 2.7 de 1976 possède encore des demi-blocs moteur en magnésium. Un alliage noble et léger mais malheureusement très fragile. A surveiller !
La direction m'a surpris, je l'ai trouvé vachement plus précise que sur la 911 S Racing Old, même si en ligne droite il conviendra toujours de corriger le léger louvoiement typique. Il faut dire que mon ami Aimé avait tout remis à neuf avant le rallye.
Côté boite de vitesse, il faut bien décomposer ses mouvements et embrayer complètement, voir longtemps, ou du moins laisser la vitesse «se mettre toute seule» sous peine d'entendre des grognements de désapprobation de l'auto... et de son propriétaire. De toutes manières, couple et puissance sont là et permettent de limiter les passages de vitesse.
Quand au freinage, il s’avère au-dessus de tout soupçon et malgré un usage intensif, il ne sera jamais pris en défaut.
On a souvent clamé que la 911 est une école pour les apprentis pilotes, moi, je l'ai trouvée plutôt saine et progressive. Elle ne m'a jamais mis mal à l'aise même dans une descente remplie de gravillons. Menée à la limite, elle décroche progressivement, pas vicieusement. Bon, ceci dit, elle reste une bagnole d'homme et le tout dernier carat ne sera obtenu que par un vrai pilote et obligatoirement sur route fermée.
Merci à Aimé Reynouard qui m'a permis de participer à la Ronde Historique de la Fayolle les 10 et 11 septembre 2011 (lien) au volant de sa Porsche. Véritable passionné, il m'avait déjà confié le volant de sa Lancia Beta essayée dans ces colonnes.
Plus d'information sur la Ronde Historique de la Fayolle: http://www.historicrally-la-fayolle.com/ronde2011/ronde2011.html
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