Nous retrouvons Jean-Louis à la terrasse de l’hôtel qu’il exploite à Hyères devant la mer. Le temps d’un café, il répond de sa voix tranquille à nos questions.

- Alors, Jean-Louis, que s’est-il passé depuis cette remise en selle ?

« En 2008 après la Giraglia j’ai eu à nouveau l’occasion de conduire la Kadett au Rallye du Mont Blanc où j’ai terminé second au scratch derrière Jean-Claude Andruet en ayant eu la satisfaction de le devancer dans le brouillard et les mauvaises conditions météo où j’ai retrouvé mes marques.

Puis durant l’été j’ai participé à la Course de Côte Historique de Mûrs au volant de l’Opel Ascona I 2000 d’Eric Marc, le Président du Rétr’Opel Club du Sud.

En 2009 je n’ai pas eu l’occasion de conduire et je me suis contenté de participer à des séances d’initiation à la conduite sportive auprès de mes amis du ROCS que ce soit sur la glace à Allos ou sur piste au Circuit du Luc, comme en 2008.

Cette année mon programme, mis sur pied grâce à la bonne volonté de mes amis passionnés, était un peu plus étoffé puisque j’ai participé aux Légendes Boucles de Spa (très brièvement), au Rallye Grasse Alpin, au rallye Jean Bérha et au Rallye Cannes Soleil. »

- Ford Escort, Renault 5 Alpine, Opel Kadett GT/E, Porsche 930 Turbo… Quatre voitures différentes en quatre rallyes ! Comment expliques-tu ce désir des amateurs de te prêter le volant de leur auto ?

« Seuls Olivier Salelles, le propriétaire de la R5A, et Eric sont des amateurs, je crois qu’ils ont un cœur énorme et qu’ils me confient leurs autos, certes pour me faire plaisir, mais aussi pour participer à leur manière au maintien du souvenir de ce qu’étaient les rallyes il y a 30 ans et de ma modeste notoriété. L’opération avec la Kadett de Solo Concept était destinée à faire connaître son préparateur, spécialisé jusqu’alors dans les rallyes de régularité, dans le milieu du VHC.

Quant à l’engagement au Cannes Soleil il s’agissait d’une prise de contact avec Automobiles Gecem pour me faire découvrir ce type d’auto et le fonctionnement du Team en vu d’une collaboration sur 2 ou 3 épreuves en 2011. »

- En quelques rallyes disputés, tu as pu t’étalonner. Estimes-tu avoir conservé ta pointe de vitesse ?

« Ce n’est pas à moi de le dire car je manque de points de repère par rapport à la concurrence et je ne sais pas si la majorité des jeunes pilotes actuels iraient plus vite que moi au volant des autos que j’ai utilisées.

Pour les ténors des championnats, c’est une évidence, l’âge constitue un handicap certain. Je sais seulement que sur la glisse, et notamment sur la neige du week end dernier, j’ai vite retrouvé de bonnes sensations, et que je vais aussi vite qu’avant, même si je suis enclin à faire plus de fautes car je manque d’entraînement.

Sur le sec et dans le rapide j’avoue humblement que je ne suis pas encore allé chercher les derniers dixièmes, et que je n’en retrouverai sûrement plus l’envie, comme je le faisais quand j’étais jeune. »»

- Entre mars 2008 et maintenant, tu as pu vivre quelques expériences. Quel est ton meilleur souvenir depuis ce retour aux affaires ?

« Il y en a deux : le scratch devant Jean-Claude, dès mon deuxième rallye, dans le brouillard du Semnoz au Mont Blanc 2008 et le fait d’avoir devancé tout le monde sur la deuxième étape enneigée du Cannes Soleil, alors que sur le sec de la première étape j’étais à des années lumière des leaders. »

- Et à contrario, quel a été le plus mauvais ?

« Le fiasco de Spa au début de l’année, même si cette expérience a été enrichissante du point de vue humain eu égard à la chaîne de solidarité et d’amitié que cela a déclenché. »

- Certains te titillent pour te voir rouler dans une épreuve moderne avec une voiture contemporaine. Qu’en penses-tu ?

« Ce n’est pas du tout l’idée que je me fais de mon « retour » dans le milieu des rallyes. Je ne serai pas dans mon élément parmi les concurrents du moderne et même si j’aimerais essayer les autos qui y sont utilisées, je suis conscient qu’il me faudrait plus d’une épreuve pour m’y adapter et prendre du plaisir à les piloter. »

- Crois-tu qu’il te serait possible de faire un championnat VHC complet avec une voiture bien particulière ?

« Non, pour plusieurs raisons : je n’en ai pas le temps puisque j’ai toujours une activité professionnelle, je n’en ai pas les moyens financiers et je n’ai pas envie de me retrouver un week sur deux sur la route. »

- Quels sont tes projets pour les deux prochaines années ?

« Chaque chose en son temps, seule une ébauche de programme se dessine pour 2011. Nous sommes en train de finaliser avec Alain Garçon, qui m’a secondé cette année à Spa, au Béhra et à Cannes, notre participation aux Légendes Boucles de Spa au volant d’une Kadett GT/E se rapprochant des Groupes 1 d’il y a 30 ans, sans céder à l’escalade des préparations actuelles.

Puis nous serons à la Giraglia qu’organise en Corse mon ami Yves Loubet, soit avec la Kadett soit, si elle est prête et que nous avons la temps de faire des séances d’essai sérieuses, avec la Porsche 911 Groupe 4 qu’Automobiles Gecem commence à préparer. Pour la suite de la saison et à fortiori pour 2012 rien n’est formalisé.

J’ajoute que quoi qu’il arrive, même si tout s’arrêtait aujourd’hui, je serai longtemps reconnaissant à toutes et à tous, que ce soient ceux qui m’ont sorti de ma retraite sportive, celles et ceux qui ne m’avaient pas oublié ou celles et ceux qui font ma connaissance seulement aujourd’hui, de me témoigner autant d’estime et de me faire vivre autant de moments d’émotion intense. »

La tasse est vide. Le soleil se couche sur la mer et Jean-Louis Clarr s’en retourne à la gestion de son hôtel. Nous le retrouverons bientôt.