On commence par la plus âgée. La Z1, un automobile à part venue de nulle part et sans réelle descendance tant elle n’a rien à voir avec les Z3 et Z4. Raison d’ailleurs qui la rend si particulière, voire mythique. Première BMW conçue comme un roadster depuis la 507, la Z1 va se voir greffer un moteur 6 cylindres placé à l’avant avec une base technique directement tirée de la 325i. La Z1 au style absolument novateur et futuriste sera lancée en juillet 1988. Toutefois, la carrière de cet Ovni sera assez courte car elle disparaît du catalogue en juin 1991. Voilà pour la petite histoire.

Bon et qu’est-ce que ça donne en vrai ? Côté proportions, la 325i fournit sa base mais la Z1 a un empattement 10cm plus court. Voilà donc un roadster compact, court et plutôt large. La Z1 est très fine vue de l’avant. Quant à son profil, il est sans aucun doute LA particularité de cette auto tout simplement parce que ses portières ne s’ouvrent pas de façon classique mais sont tout bonnement escamotables et donc sont de très faible hauteur avec un dessin particulier présentant des lignes droites de chaque côté et un décrochement sur la partie haute. Autre originalité, les rétroviseurs sont fixés sur les montants de pare-brise. Stylistiquement, l’arrière de la Z1 n’engendre guère de commentaires. On remarquera juste la lèvre supérieure aux allures de becquet anecdotique.

L’intérieur de la Z1 est sobre et bien fini. Il inspire la solidité tandis que le tableau de bord est très simple et est chiche en infos. Température d’eau et jauge de carburant entourent de gros compteurs. Point barre. La console centrale est banale mais on ne pourra pas en dire autant des superbes sièges qui, on le remarquera, ont vachement bien vieillis et soutiennent bien le corps.

Côté moteur, on retrouve donc le très beau 6 cylindres apparu en 1977 sur les 520/6 E12 et 320/6 E21. Il cube ici 2494 cm³ et développe 170ch. La Z1 se dote aussi de l’ABS. Si c’est d’une banalité affligeante en 2022, on se souviendra que cette technologie était le summum fin des années 80 !

Il est maintenant temps de prendre la volant de cette auto si particulière. Action du gros bouton et les courroies escamotent les portières. On entre dans la baignoire ! Classe, mais attention, la distance qui sépare le bord de la carrosserie de l’habitacle est à prendre en considération. Evitez le pantalon ultra slim si vous ne voulez pas entendre un craquement sinistre. Les cadrans façon « motos » sont désormais en face de moi. Contact : c’est parti.

Le moteur se lance avec la musicalité typique des 6 en ligne de BMW mais reste toutefois discret. Première constatation, la Z1 a bien vieilli et se conduit facilement comme n’importe quelle auto dite « moderne ». Portes escamotées, le roadster teuton offre plus de sensation. On se sent un peu comme sur une moto avec l’air frais qui court le long de la jambe gauche. Encore une fois, cette auto est décidément bien originale. Aussi bien dans son look que dans les sensations qu’elle distille à son conducteur.

Il est temps de s’encanailler un peu. Bon, ce n’est pas à proprement le coup de pied aux fesses que l’on ressent, la pédale de gaz enfoncée à fond. La souplesse du 6 en ligne rend l’accélération linéaire et en dessous de 3000 tr/mn, il ne se passe pas grand-chose. Par contre au-delà, çà devient plus intéressant et la barre des 4000 tours dépassée, on constate que les 170ch de la BMW Z1 répondent présent. Le manque de peps, c’est à l’étagement de la boite  qu’on le doit. Il y a un trou énorme entre le second et le troisième rapport. Pour profiter de la puissance, il faudra jongler du levier. Puisqu’on est un peu vite à l’approche du virage suivant, on notera que les freins font le job. Mais sans plus. La Z1 n’est pas à vraiment parler une sportive, d’ailleurs BMW ne l’a jamais annoncée comme telle. La direction est précise et la caisse bien qu’il s’agisse d’un roadster est suffisamment rigide que pour éviter une sensation de torsion dans les virages en appui.L'ammortissement est correct et propose un bon compromis entre confort et fermeté. Une plus moderne Z4 est bien plus "tape-cul" par exemple.

Me voilà au bout de cet essai et cet Objet Roulant Non Identifié est décidément une auto bien attachante. De plus sa rareté en fait un bon placement. Que demander de plus. Et quel bonheur de rouler à son volant  par ces temps autophobes !

Passons maintenant à la BMW M4 de 2014 qui nous est proposée ici. Rappelons rapidement que la BMW M3 née en 1986 afin de produire au moins 5000 exemplaires pour satisfaire aux contraintes d’homologation en championnat FIA Groupe A a connu un énorme succès puisque la M3 E30 se vendra à 17970 exemplaires entre 1985 et 1991. BMW surfera sur le succès en sortant la M3 E36 (286 puis 321ch) en 71242 exemplaires. Elle sera suivie des versions E46 puis E90/92. Pour cette cinquième génération, le coupé M3 devenu M4 a grandi passant de 4.50m pour la version E46 à près de 4.62m pour l’E92, puis désormais 4.67m pour cette M4 F82. Plus longue de 56mm, elle est également plus basse de 35mm et plus large de 66mm. Ces mensurations en font une auto imposante à la ligne plongeante. On notera la subdivision des boucliers et les deux paires de sorties d’échappement. Le toit en carbone est de série, il faudra s’en priver s’il on souhaite un toit ouvrant. Admirée à l’arrêt dans sa robe noire cette M4 promet des sensations fortes. Et puis il y la lecture de la fiche technique: 6 cylindres en ligne, 2979cc, 24 soupapes, 431ch. C'est du sérieux.

L’intérieur de notre voiture d'essai est superbe et franchement cossu. Les matériaux sont de noble facture et la finition est impeccable tandis que Le volant gainé de cuir respecte la tradition Motorsport. l'ergonomie est parfaite. On se sent bien derrière le volant.

Contact. Le fauve gronde. On va gentiment rouler un peu en mode M1 et laisser à la M4 le soin de gérer comme une grande les passages de rapport. Si on apprécie un relatif confort général, le niveau sonore et le grondement du fauve préviennent le conducteur qu’il va y avoir du sport sous peu. Pour l’instant, c'est-à-dire pendant qu’on fait connaissance, le moteur parait très rond avec des passages de boîte rapides et doux.

En mode M2, La M4 voit se modifier la réponse de l’accélérateur, le tarage de la direction et l’amortissement. On ne joue pas impunément au cow-boy avec cette auto de caractère et il va me falloir mouiller la chemise ! Le couple moteur permet de reprendre en force dès 2500 t/min et la poussée est vachement vigoureuse, les 431 ch propulsant la caisse d'un virage à l'autre avec rage, la Z4 passant de 0 à 100 km/h en seulement 4.3 secondes ! La boîte DCT est une réelle réussite, offrant des passages  de rapport rapides et virils une fois passé en mode D2. La sonorité du six en ligne est Wagnérienne ! Un régal pour les oreilles même si elle deviendra surement pénible sur une longue distance.

Cerner le comportement routier de la M4 est un exercice bien difficile à réussir. Evidemment, la M4 ne souffre d’aucun défaut pénalisant mais je dois reconnaître humblement que ses limites sur le sec sont tellement loin à atteindre que je ne m’en suis à mon avis guère approché. Ou du moins très peu. La direction par contre m’a rappelé celle des anciennes M3 que j’ai pu abondamment essayer dans ces colonnes car elle ne m’a pas paru très communicative. Le freinage (option Carbone) est excellent une fois les disques à température et je me demande si il tient sa constance lors d’une grosse sortie sur circuit. Rappelons quand même que le bestiau accuse 1645 kg sur la balance.

Il est temps d’aller remettre la M4 dans son écrin et d’écrire la conclusion. Cette auto est un réel anti-dépresseur. Bien sûr cette jolie fille est un appel au crime. Comment rester un bon citoyen éco-responsable, honnête père de famille et tout le saint ragnagna qui va avec sans…dégoupiller ?  Bref, un vrai régal de gourmet cette M4.

Alors, voici venu le moment de choisir, mon bon Môsieur ! L’ORNI nom de code Z1 ou le missile sol/sol nom de code M4 ? Ne parlons pas de cote ou d'investissement sur le long terme, parlons plutôt de sentiment général. Quelle est celle qui vous a séduit ? Moi, j’ai mon idée mais je vais la garder pour moi.

Merci à l'heureux propriétaire pour le prêt de ces deux magnifiques autos et pour sa confiance inconditionelle.

 

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