Citroën SM 1973
Par Bruno Sacré, le lundi 29 juillet 2019 - ESSAIS AUTO - Lien permanent - 2119 lectures
Qu'est ce que c'est que ce truc? Au début des seventies, la marque au double chevron réputée pour son avant-gardisme et ses solutions techniques osées persiste et signe avec le lancement de la version Grand Tourisme de la DS, à savoir la SM. Non pas Sado Maso, m'enfin!! Le nouveau coupé Citroën est pourvu d'une centrale hydraulique à haute pression héritée de la berline, d'une inédite direction à rappel et à assistance variable en fonction de la vitesse. La motorisation n'est pas en reste: son V6 à quatre arbres à cames en tête ultra-sophistiqué est conçu par... Maserati!
Manque de bol, le choc pétrolier qui va secouer le monde entre 73 et 75 va dévaster le marché des autos sportives et la SM fera partie des victimes, aidée dans sa déchéance par une fiabilité mécanique très aléatoire. En effet, la complexité de sa conception en fera une voiture détestée par les mécaniciens en partie à cause de son 6 cylindres qui est en effet "une tranche" de Maserati V8. L'angle obtenu par les culasses est de 90°. Résultat: un équilibre imparfait. Le superbe moteur réalisé par l'ingénieur Alfieri est capricieux, voire caractériel.
En septembre 2003, me voilà devant la soucoupe volante, prêt pour un essai. Vraisemblablement l'aérodynamique a été un soucis principal lors de la conception de l'engin avec cet arrière tronqué et ce vaste hayon qui est censé garder prisonniers les filets d'air. On aime... ou pas. Détail marrant: le coupé est plus long de 5cm que la berline.
En soulevant le long capot, me voilà devant une véritable usine à gaz! Quel enchevêtrement de câbles, durites, courroies, conduites de liquides et multitude d'organes dont je ne reconnais humblement ni usage ni destination. Une fouine ne s'y retrouverait pas.
Allez, hop! On se glisse derrière le volant pour découvrir un intérieur faisant part belle au modernisme et à l'avant-gardisme. Malheureusement, les matériaux manquent de noblesse et la finition n'est guère flatteuse. En passant, on note que - comme dans la DS Chapron - c'est un gros bouton qui fait office de pédale de freins. Contac: le V6 qui développe 178ch DIN à 5500trs/mn se réveille dans un bruit agréable et discret.
Bon, une fois la bonne température atteinte par cette centrale à gaz, je décide de hausser le ton. La direction est "flottante" et je dois corriger sans cesse le cap. Dans les courbes, la SM refuse d'être brusquée. Il faut piloter proprement sous peine de mauvaise surprise et préférer une conduite coulée pour profiter de son confort. Néanmoins l'auto reste efficace et en remontrerait probablement à de nombreuses productions actuelles en matière de comportement. Elle abat le km départ arrêté en 30 secondes et atteint les 200 km/h. C'est une grande routière qui se sent à l'aise sur un grand trajet sur autoroute.
En guise de conclusion, j'écrivais dans ma chronique : "la SM prouve que la culture automobile du début des années 70 ne se décline pas forcément en termes de clichés façon roadster anglais, berline allemande rapide et austère, coupé transalpin rouge et mélodieux. Il existe aussi des autos de caractère, avec un charme qu'on qualifiera d'indéfinissable et qui elles aussi méritent notre passion". Seize ans plus tard, je le pense encore.
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