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Ha! Les Lamborghini!

Il vente et pleut quand j'arrive au lieu de rendez-vous. La Lamborghini m'attend sur une petite place dans sa livrée noire. Basse, large, elle en impose. Le dessin de Marcello Gandini est beau. Je "tombe" (l'auto est très basse) au volant qui est petit et très tulipé. Il est planté dans une planche de bord décevante dans son agencement même si elle comporte l'indispensable instrumentation d'une voiture de sport. Un compte-tours gradué jusqu'à 9.000 tr/mn est rejeté à l'extrême gauche tandis que le tachymètre est, quand à lui, collé tout à droite. Au milieu, je compte pas moins de 6 cadrans et d'énormes témoins lumineux. Le tout est trop "kitsch" à mon goût. Et que dire de cette sellerie blanche tape à l'oeil sur laquelle repose mon séant... Beurk!

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Et ce volant tulipé...

Bon, passons aux choses sérieuses. L'Urraco est une auto paradoxale. C'est une bête... mais civilisée. Authentique Grand Tourisme prévue pour quatres passagers aux épaules larges mais aux jambes courtes, la Lambo est une bourgeoise avec une position de conduite propre à un "concept car" bien trop avancée, le cul au ras du bitume, les jambes écartées et les mains serrant un volant trop petit. Mais l'ambiance y est. 

Contact, le V8 super-carré de 220 chevaux développé par l'ingeniore Paolo Stanzani (non, pas Panzani, m'enfin!) distille un beau grondement de V8 qui prend aux tripes. Pas un son américain, mais quelque chose de différent, de plus typé. Avec quelque chose de métallique dans les vocalises. J'aime bien.

Grosse pression sur l'embrayage. Clong! La première est enclenchée. Verrouillage impeccable mais poigne de fer obligatoire. On file vers une route un peu tranquille pour commettre le délit. Oui, vous avez bien lu. Un délit. L'essai c'était il y a vingt ans mais déjà à cette époque, conduire une Lambo Urraco en utilisant son potentiel était déjà considéré comme un délit. L'accélération est virile mais pas trop brutale. Clong! Clong et re... clong! Les vitesses s'enchaînent moyennant un franc engagement du levier de vitesse dans la grille de sélection. Le V8 tout aluminium est un régal de progressivité. Me voilà bien au-delà de la vitesse autorisée. Je fonds sur la première courbe. Double débrayage pour tomber un rapport, freinage, inscription à la corde et surprise: la Lambo colle à la route! J'avais oublié de vous préciser que la conception de sa suspension avait été calquée sur celle des Lotus Formule 2 de 1957. L'Urraco sera donc dure à prendre en défaut. Il m'aurait fallu tester l'engin sur un circuit. Je suis sûr que là elle avouerait deux faiblesses: son freinage manque d'attaque et d'endurance et au final, sa motorisation est quand même un peu juste. L'Urracco mérite soixante chevaux de plus qu'elle encaisserait sans problème.

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Taureau dans les terrils

C'était il y a vingt ans, un 6 décembre, un jour de Saint Nicolas. J'aurais bien voulu la taquiner encore un peu plus la Lamborghini, mais le rédac' en chef qui faisait également office de photographe a joué le Père Fouettard et d'un geste qui en disait long m'a fait comprendre qu'il était temps de rendre les clés à son propriétaire.Pffff! Rabat-joie!

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