Le tracé des spéciales…

A 16 ans, Michel Martin entre sans conviction chez Michelin en tant que prospecteur. Nous sommes en 1962 et notre jeune homme ignore bien entendu, que « Bibendum », le bonhomme Michelin, va devenir un inséparable compagnon de route au long d’un voyage qui va durer quarante-deux ans.

Trois années s’écoulent et Michel est muté en Alsace. C’est à cette époque qu’il va se lancer dans le bain de la compétition automobile. Au volant d’une Citroën 2CV, il va écumer les courses de côte, les slaloms et les épreuves régionales. Il va même remporter la 3ème Navigation Hivernale de Schirmeck. Passionné de rallye, Michel Martin insiste alors auprès de Michelin pour être affecté au service compétition.

En 1972, il obtient enfin le feu vert et il est chargé de la commercialisation des pneus pour les pilotes privés français. Au Tour de France Automobile, le voici enfin dans le grand bain. C’est Bizance ! Il a droit à un camion, un compresseur et un ouvrier monteur. Michel est loin de s’imaginer qu’un jour, ce n’est pas moins que 27 camions, 10.000 pneus et 62 personnes qu’il devra gérer… La carrière de Michel Martin est lancée.

Des chiffres impressionnants…

Une carrière phénoménale. Rien qu’en championnat du monde, il totalise:

  • 17 Rallyes de Monte Carlo  et  18 Tour de Corse entre 1973 et 1990
  • 10 Rallyes d’Argentine et 11 Rallyes des 1000 Lacs; de 1980 à 1990
  • 11 San Remo  à la même période
  • 10 R.A.C. Rally toujours entre 1980 et 1990
  • 6 Côte d’Ivoire de 1981 à 1986 et 1 Olympus Rally en 1985
  • Entre 1980 et 1990, des comptes ronds avec 10 Rallyes de Suède, 10 Portugal , 10 Kenya Safari et 10 Acropole
  • L’Australie et la Nouvelle Zélande le verront trois fois en 1988, 1989 et 1990

Oui, vous avez bien lu : Michel Martin a pris ses responsabilités face aux seigneurs de la route à 131 reprises sur tous les terrains, dans toutes les conditions imaginables. Qui peut imaginer quel stress cela peut représenter, quelle science, quelle persuasion, quelle force de caractère cela demande ? Dans l’ombre, Michel va aider bien des pilotes à se construire un palmarès, à gagner un rallye qui semble perdu.

Il a ainsi collaboré avec les plus grandes marques : Peugeot, Opel, Talbot, Lancia, Renault, Ford, Citroën, Datsun, Mitsubishi, Polski-Fiat, Mercedes, Austin, BMW, CG, Alfa Roméo, Audi. Alpine et Porsche.

Après la décennie rallye passée en championnat du monde, vient la période des Rallyes Raid. Et là encore, les chiffres parlent d’eux-mêmes:

  • Le Dakar: 1991, 1992, 1993
  • Le Paris Moscou Pékin: 1992
  • Le Maroc: 1991, 1992, 1993
  • Le Tunisie: 1991, 1992, 1993
  • La Baja Espagnole: 1991, 1992, 1993

Soit 14 classiques pour le compte de Lada, Mitsubishi, Peugeot, Citroën, Mercedes, Hino, Rover, Toyota.

Michel Martin termine cette fantastique carrière par sept coupes du monde de VTT. Hé oui, le Monsieur Bibendum pour les gars qui font du VTT sur des pneus Michelin, c’est encore lui. Et toujours avec la même gentillesse, le même sérieux. Le même souci de l’excellence.

Michel termine ce parcours hors du commun au service communication de la compétition. Il a alors 63 ans et s’en va à la retraite après 42 ans d’une indéfectible fidélité au fabriquant français de pneumatiques.

L’homme…

Tout le monde respecte ce bonhomme au savoir extraordinaire et ce n’est pas Michel Lizin, rencontré un soir à Huy qui me dira le contraire. Alors que je remets le bonjour de « Martin à Lizin » comme il me l’a demandé, le visage de ce dernier s’illumine d’un grand sourire qui témoigne d’un profond respect et d’une grande amitié.

Sur les bords du lac de Chambon, dans le Puy de Dôme, un retraité paisible profite de la vie. Il sort de temps à autre sa Citroën Dyane ou sa Saab et vaque à ses occupations. Il va du pas tranquille et simple de ceux qui ont parcouru un très long chemin…

Et j’espère d’ailleurs qu’il ne m’en voudra pas d’être aussi bref et d’avoir traité avec autant de légèreté une carrière aussi fantastique. Mes respects, Monsieur Martin.