Lors de sa présentation, l’accueil est mitigé. On lui reproche notamment ses nouveaux phares avant trop plats et la modification des ailes arrière est aussi fortement critiquée.

Le nouveau flat 6, le dernier refroidi par air, est complétement nouveau et entièrement en aluminium. Il développe 272 canassons et ses émissions polluantes sont diminuées grâce à l’ajout d’un sixième rapport et d’un nouveau catalyseur.

Malgré tout, les ventes de la nouvelle 993 restent confidentielles. Toutefois en 1995, l’arrivée de la Turbo et d’une nouvelle Targa à toit vitré relancent le business. La ligne de la 993 Turbo a du succès aux yeux du public et va inspirer pas mal d’idées aux décideurs de Porsche.

C’est ainsi qu’apparaît notre voiture d’essai : la 993 Carrera 4S qui sera donc une Porsche 911 Turbo sans turbo ni aileron. Vous me suivez ? Le constructeur va toutefois plus loin que d’adapter la caisse aux ailes larges de la version turbo car trains roulants, suspensions et freins sont repris également. La 993 Carrera 4S va être un réel succès car sous l'apparence innocente d'une silhouette datant de 1963, se cache dorénavant une 911 au sommet !

Voilà pour la petite histoire. Il est temps de faire le tour de cette désirable auto en jolie robe bleue. Une Porsche bien sexy aux formes très sensuelles mettant en valeur des jantes également « piquées » à la Turbo qui laissent admirer des superbes étriers de freins rouges.

A l’intérieur, on (re)découvre la planche de bord qui a peu évolué depuis les débuts de la 911 avec ses grands cadrans dont le gros compte tours VDO trône au beau milieu et c’est très bien ainsi. A bord de la 993, tout tombe parfaitement sous la main, tout est à sa place. La finition est excellente et permettra à cette auto de 1997 de rester d’une fraîcheur totale.

Jetons maintenant un petit coup d’œil au moteur. Evolution de celui qui équipait les précédentes séries 964, il cube désormais 3600cc et développe 286ch DIN. Une puissance respectable. Vilebrequin, pistons, bielles et soupapes sont renforcés. La lubrification se fait par carter sec et le système de double allumage est présent sur chaque cylindre. Du bel ouvrage.

La boîte (G64, évolution de la G50) est à six rapports et la transmission dotée d’un visco-coupleur qui réparti la puissance entre l’avant et l’arrière en fonction des pertes d’adhérence est intégrale.

Bon, il est temps de prendre le volant, je vous sens impatients. Contact à gauche et le 3.6l s’ébroue avec un grondement métallique qui fait dresser le poil. On a les pieds légèrement orientés vers la droite mais çà fait partie de la légende et il faut s’habituer à enfoncer cette pédale d’embrayage qui disparaît dans le plancher comme sur… une vulgaire Cox !

Les 6 vitesses s’enchaînent à la volée avec une facilité déconcertante, le moteur a un couple de camion. Le rythme augmente et la première longue courbe est avalée sans aucun problème à une vitesse qui est déjà… heu… comment dire ? Bref.

La 993 Carrera n’amuse pas le terrain. Elle déménage et freine aussi fort qu’elle accélère. A aucun moment on ne se sent mal à l’aise au volant. L’auto est très saine, facile à engager dans les courbes et vire bien à plat. Malgré sa transmission intégrale, cette Porsche reste également très maniable dans les virages serrés. Un régal à piloter. Et ce bruit ! C’est du Wagner en stéréo. La 993 Carrera 4S est une voiture bien conçue et menée à la limite elle reste d’une efficacité redoutable.

Valeur sûre et dernière 911 de légende, la 993 Carrera 4S est un collector en devenir dont la cote ne cesse de grimper. Pour moi, elle n’a qu’un seul défaut : elle n’est pas à moi.

Merci à son propriétaire pour son indéfectible confiance et qui m’a permis en ces temps grincheux de profiter pendant quelques kilomètres de cette formidable pilule bleue du bonheur.

 

 

 

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