Voici pour commencer celle des deux meilleurs frères-ennemis : Walt et Art Arfons. Deux demi-frères - pour être exact - qui se sont livrés un duel épique et implacable pendant des décennies animés tous les deux par la même obsession : être le plus rapide !

Walt est né en 1920 et Art voit le jour six années plus tard. Leur parcours est le même. Ils sont engagés dans la marine pendant la seconde guerre mondiale ensuite, ils travaillent tous les deux dans la même exploitation familiale d’aliments pour animaux. Dénominateur commun supplémentaire : la passion de la mécanique.

Les demi-frangins commencent par les motos et passent rapidement… aux avions. De là à virer vers les dragsters, il n’y a plus qu’un pas qu’ils vont franchir en 1952. Partis pour rejoindre un aérodrome, ils sont bloqués par une course de ces engins diaboliques. Là, le déclic est magistral. Ils vont construire une voiture de course et ce sera un dragster !

Leur première réalisation n’est autre qu’un tracteur à 3 roues sur lequel ils ont greffé un moteur d’Oldsmobile  à 6 cylindres dont la couleur verte fait sourire. Le public la baptise « Green Monster ». Nos deux frères qui ont le flair pour dégotter des moteurs d’avion pour pas cher font l’acquisition d’un Allison V170 de 1250 chevaux. Ensuite ce sera un Merlin de chez Rolls-Royce. Les frères Arfons vont le placer sur un châssis derrière le pilote. Voilà une fusée qui leur permet de dépasser les 270 km/h mais avec un désavantage de poids conséquent.

Bien que ce nouveau Green Monster au look fascinant attire les foules, les frangins ne sont pas satisfaits et les relations entre eux se détériorent. On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé, mais les chemins de Art et Walt se séparent. Désormais ils seront adversaires et Art est le plus féroce des deux.

En 1959, les moteurs d’avion sont bannis des courses de dragsters. Les frères réagissent chacun de leur façon. Walt fait l’acquisition d’un turboréacteur à post-combustion pour continuer à faire des courses tandis qu'Art construit la 15è version d’un Green Monster à moteur Allison pour battre le record du monde de vitesse sur terre. Walt revient alors vite sur sa décision et s’engage à son tour dans la chasse au record mondial. La rivalité entre les frères est alors au sommet de son âpreté.

En 1962, Art atteint 531 km/h avec un propulseur de 8.000 chevaux. Walt bat ce record avec un moteur de fusée qui lui permet d’atteindre 665 km/h. Mais où vont-ils s’arrêter ? Trois jours plus tard, Art franchit le cap des 876 km/h ! Walt, blessé à la main, décide de se ranger mais le même Art se crashe à 480 kml/h lors d’une exhibition à Dallas. Il est déclaré mort mais ce dur à cuire finit par s’en sortir non sans avoir eu à son chevet son frère Walt.

Ces deux pionniers de l’utilisation des moteurs à réaction pour battre des records de vitesse enterrent enfin la hache de guerre.  Art décède en 2007 et sera rejoint par Walt en 2013. La poussière pulvérisées sous les roues de leurs bolides se souvient encore de ces deux héros entêtés et courageux.

Passons maintenant à une autre légende, mais sur deux roues cette-fois : Burt Monro, une figure incontournable du lac salé de Bonneville qui sera même portée à l’écran avec le génial Anthony Hopkins dans le rôle de l'acharné recordman.

L’histoire de ce curieux personnage commence à Invercargill, une bourgade de Nouvelle-Zélande. Le jeune Burt a alors 16 ans en 1915 et il vient de se payer sa première moto, une Douglas, rapidement suivie par un side-car Clyno anglais. Le side ne fait pas long feu et est rapidement revendu pour financer l’acquisition d’une Indian Scout. Ce Flathead monte à 86 km/h. Le jeune homme est ravi. Mais dés 1926, Munro se lance alors dans des modifications mécaniques de cette moto qui vont durer… 4 décennies !

Le manque de moyen, Burt le compense par un génie de la débrouillardise. D’essais en essais, Munro passe tout en détails, la qualité du sable sur lequel il évolue, la matière même des éléments mécaniques… On a d’ailleurs raconté pas mal d’anecdotes sur le compte de ce bonhomme comme celle du vol présumé de tuyaux à gaz pendant des travaux publics devant sa maison.

Bientôt de 600cc, le moteur de l’Indian passe à 950cc et le cadre de la Scout 1920 n’est bientôt plus qu’un vieux souvenir sur une photo jaunie par les années. Maintenant, Munro est assis sur son propre châssis au ras du sol avec un réservoir d’essence derrière les fesses. Le tout est caché par un carénage en aluminium martelé à la main. Déçu des performances de ce dernier, Burt le reconstruit en fibre de verre. Enfin en 1957, l’engin atteint la vitesse de 230 km/h. Munro découvre alors le lac salé de Bonneville en 1962 et l’Indian y dépasse la vitesse de 288 km/h. Entre les aller-retours de Burt entre les USA et la Nouvelle-Zélande, la partie cycle de l’engin de record est laissée chez Sam Pierce, un amoureux des motos Indian et devenu un ami. Un homme qui apportera une aide logistique et morale très importante à Burt Munro.

En 1967, Munro atteint une moyenne de 295 km/h et un des runs le pointe à 305 km/h. Un record qui tient encore dans cette catégorie de véhicules.

L’homme qui aimait le Lac Salé de Bonneville s’éteint en 1978. En 2006, le film Hero sort sur les écrans.

On pourrait encore écrire beaucoup sur le lac salé et son éternelle course aux records car des tentatives ont encore lieu de nos jours avec la mise en place d'une technologie de plus en plus avancée. Mais rien ne pourra égaler la ténacité et le courage des ces authentiques pionniers de l’âge d’Or.

 

Cet article vous est offert par: