8d810661f95ec075a4c5ce07525967f9cd50517f.jpgSteve McQueen a poussé ses premiers cris le 24 mars 1930 dans la banlieue d’Indianapolis. On ne peut pas dire que les premières années de sa vie furent idylliques. De son père alcoolique Bill et de sa mère Julian Ann Crawford, le jeune homme ne garda pas un tendre souvenir ni une belle image.  Très tôt, il trouve refuge chez le frère de sa grand-mère maternelle. Il n’a que six ans.

Steve apprend la vie à la dure à grands coups de triques si les règles de vie strictes de la maison ne sont pas respectées. A l’école, raillé et bousculé, le jeune Steve fait le coup de poing plus souvent qu’à son tour. Seule chose qui lui plaît, c’est conduire la vieille Jeep du Grand Oncle. Il dit alors retrouver la liberté et le sentiment exaltant de laisser les choses derrière lui. Ces débuts assez cruels dans la vie vont influencer le futur acteur mais aussi le futur pilote.

Pour ses dix ans, il retourne chez sa mère à Indianapolis et doit composer avec un énième beau-père alcoolique lui aussi et complètement barge. Le jeune gamin se réfugie dans le cinéma de son quartier et commence à avoir de mauvaises fréquentations. Précoce, il découvre à 12 ans les premières cuites et les émois amoureux.  Sa mère se remarie et l’entraîne à Los Angeles. Les relations avec Berri le nouveau beau-père sont désastreuses. Steve repart à la ferme du Grand Oncle. Il est définitivement rebelle à toute autorité et foncièrement perturbé. Passionné d’arme, il est en permanence avec une carabine à portée de main.5_steve-mcqueen-le-mans-1.jpg

Un jour un cirque passe à Slater à quelques encablures de la ferme. Le jeune McQueen s’enfuit avec les gens du voyage. Déçu de cette nouvelle vie de saltimbanque, il retourne à Los Angeles. Steve tourne en ronds. Son beau-père le frappe, sa mère s’est mise à noyer ses désillusions amoureuses dans l’alcool. Le 6 février 1945 Steve McQueen échoue dans une prison modèle pour adolescents. Il s’enfuit après trois mois, est rattrapé et finit dans un cachot. De punitions en punitions, il s’endurcit de plus en plus. S’enfuir est devenu une obsession !42-44075929

Il finit néanmoins par se calmer et avouera plus tard que « cette chose, cet endroit sont les meilleures choses qui me soient arrivées dans la vie ». En 1946, il sort de l’établissement pénitentiaire et rejoint sa mère à New-York où elle s’est encore une fois remariée. Les mauvais traitements recommencent, Steve acquiert alors sa totale indépendance, il monte de petites arnaques, joue au billard, se soûle dans des tripots.  Rencontres bonnes et mauvaises, il finit enrôlé dans la marine marchande et appareille sur le SS Alpha à Trinidad. Naviguer ne lui plait pas. Le prochain épisode de cette vie tumultueuse le trouve gérant d’un bordel en République Dominicaine.  Il n’y reste guère et s’engage sur un bateau qui le dépose au Texas. De là, il part à l’aventure, fait des tas de petits boulots et parcourt les états, vivant aussi de menus larcins dont le vol de voitures.

Il rencontre la superbe Sue Ann, fille de la haute société. Il en est fou amoureux mais il s’enfuit et s’engage dans les Marines. Il y gagne un galon aussi vite perdu pour ne pas avoir regagné la caserne à l’heure. Il va passer trois ans dans ce corps d’élite, gagnera des galons qu’il reperdra à chaque fois pour indiscipline. Mais il devient un héros en sauvant trois camarades d’une mort atroce et aussi une jeune fille qu’il sauve d’un viol collectif. Washington le voit en chauffeur de taxis. Mais New-York l’attire. Il sent que là-bas, quelque chose peut arriver. Quelque chose de particulier.

1357413365750900.jpgDoué pour la conduite, il y devient complice d’un petit gang. Il est le « driver ».Mais surtout au bout de quelques lourds ennuis avec un souteneur et sous le conseil du chef de son gang, il laisse tomber cette vie de bandit et songe à devenir acteur. Une décision qui va plus que probablement lui sauver la vie tant l’étau se referme.

Il s’inscrit à la Playhouse de Sanford Meissner, une école d’art dramatique. Il impressionne alors ses professeurs tant il met toute son âme à jouer les scènes qu’on lui impose. C’est d’autant plus étonnant puisqu’il avouera plus tard n’en avoir rien à faire. Admis en seconde année, il reçoit une bourse d’études. Il arrondit ses fins de mois en s’engageant dans des courses de motos sur le circuit de Long Island. Il dira alors que c’était bien plus amusant que jouer la comédie. Il gagne d’ailleurs pas mal de courses, se fait 200 dollars le week-end et …s’achète une Harley Davidson.

En 1955, après s’être fait éjecter de la troupe de théâtre dans laquelle il joue en raison de son sale caractère, il s’inscrit à l’Actor Studio et il donne la réplique à Paul Newman dans le film Marqué par la haine. Il remplace Ben Gazzara dans la pièce de théâtre Une poignée de neige. Il y est tellement convainquant qu’il se fait remarquer et devient une valeur montante dans sa génération d’acteurs.

Neile Adams, jeune danseuse, très belle, entre dans sa vie en 1956. Neile a connu une enfance encore plus dure que cette de Steve. Cela les rapproche, ils se comprennent. Neile connaît le succès à Hollywood. Steve part la rejoindre et ils se marient dans un …commissariat où ils sont retenus pour excès de vitesse ! Steve fait alors des allers-retours entre New York et Los Angeles. Peu assagi il se fait beaucoup remarquer et souffre du succès de Neil. Il tourne alors dans Never Love a Stranger. Il trompe sa femme et renoue avec ses vieux démons. En 1958 il est engagé comme rôle principal dans Au nom de la loi. Ce rôle lui ouvre en grand les portes du succès. La fusée McQueen est lancée. L’ascension est fulgurante. Son fils Chadwick Steven nait en décembre 1960. Pendant ce temps, Steve s’adonne à la moto. Il dispute de nombreuses courses.smq04.jpg

John Sturges lui offre l’occasion de donner la réplique à Franck Sinatra dans La proie des vautours. Sinatra n’est pas un tendre mais « adopte » McQueen qui signe dans la foulée pour trois films dont les Sept mercenaires et la Grande évasion. Steve devient l’ami de Charles Bronson, une autre pointure du film d’action en devenir.

McQueen est un bosseur infatigable, un doué incontestable mais aussi une vraie tête de cochon, surtout quand il est en proie à l’alcool ou la Marijuana. Sur le tournage des Sept mercenaires, les accrochages sont nombreux entre Yul Brenner et lui.

Les rôles s’enchaînent mais c’est La Grande évasion qui lui offre l’étiquette du Cooler King qu’il rêve d’obtenir. Il est enfin adulé. L’image d’un Steve McQueen s’envolant en moto par-dessus les barbelés pour être libre se transforme bientôt en icône mondialement connue.

En 1963, il rencontre Nathalie Wood. En 1964, il s’adonne aux courses de motos et participe notamment à l’International Six Days of trail qui a lieu à Erfurt en Allemagne.  Il dira : « ce fut un des plus grands moments de ma vie ». Même si au troisième jour il se casse une jambe et détruit sa Triumph…

Si Neil supporte et fait le gros dos, Steve McQueen enchaîne alors tous les excès. Avec les gains engendrés par Le kid de Cincinnati, il se lance dans la réalisation de The day of champion, un film sur la course automobile. Il joue aussi le rôle d’un métis vengeur dans Nevada Smith et enchaîne avec La canonnière du Yang Tsé.

Steve-McQueen-Bullitt-The-Greatest-Car-Chase.jpgLong intermède avant de tenir le haut de l’affiche de L’affaire Thomas Crown. Et surtout, il y a le fameux Bullit avec sa course-poursuite incroyable dans les rues de San Francisco. Tout le monde a encore en tête la Mustang verte GT390 Fastback du héros.

Et puis, c’est la sortie de Le Mans en 1971 co-produit par lui-même. Ce film est l’illustration même de la passion de Steve McQueen pour la course automobile. Il s’investit à fond, veut piloter lui-même dans la course de légende. Pour s’entraîner, il dispute d’ailleurs les 12h de Sebring. Il pilote une Porsche 908, le pied dans le plâtre suite à une chute de moto. En juin, une équipe filme la course complète des 24H du Mans. Ensuite, McQueen loue le circuit pendant trois mois. Une véritable fortune est engloutie dans ce projet. Ces dépenses pharaoniques pourrissent les relations entre l’acteur et les producteurs qui arrêtent le tournage. Le film se fera cependant au prix de quelques drames. Si il reste un film pour les initiés, Le Mans connaît cependant mitigé auprès du grand public. McQueen n’en a cure, il a fait SON film. Celui de sa passion. Il coproduira également On any Sunday et Challenge One, des documentaires passionnants sur les courses de moto.

En 72, il joue dans Le dernier bagarreur où il incarne un champion de rodéo irascible. Il divorce de Neil la même année et jette son dévolu sur Ali McGraw sur le tournage de Getaway. Il l’épouse en 1973. Il tourne alors La tour infernale en partageant la vedette avec Paul Newman, un autre grand amateur de sport automobile.2965738427_1_13_cHJoStqb.jpg

Steve McQueen est devenu au fil des années l’image du mec cool au charme enfantin.  Mais il est malade. Il a un cancer.

En 1977, il divorce d’Ali McGraw et a une liaison avec Barbara Mintry qui sera sa future épouse.

La maladie le fait se tourner vers l’Eglise. Il se retranche dans un hangar où il vit entouré de ses motos et son avion. Il joue en 1979 dans Tom Horn, un western mais ce type de film est devenu obsolète aux yeux du public.

McQueen se bat avec courage contre le cancer. Il fait comme si rien ne pouvait l’abattre. Un dernier film où il campe un héros solitaire et désolé, Le chasseur. L’accueil est une nouvelle fois mitigé. La carrière de l’acteur s’éteint en même temps que ce rebelle impétueux se meurt. Il épouse Barbara et le rideau, comme le drapeau à damiers, tombe le 7 novembre 1980, 3h45, heure locale. Il allait avoir cinquante ans.

1455054527054.jpgLa légende commence...