monica560b.jpgAprès avoir possédé plusieurs Jaguar et Aston Martin, l’homme se tourne Outre Manche vers Chris Lawrence connu pour ses performances aux 24h du  Mans avec Morgan et la création de sa propre voiture de sport : la Deep Sanderson. Lawrence n’a guère de référence en matière de voitures de luxe. Tastevin n’en a cependant cure. Les hommes se lancent donc dans la réalisation d’une espèce d’Aston martin à 4 portes.

Chris Lawrence réalise en un temps record un châssis constitué d’un treillis tubulaire possédant un excellent rapport rigidité/poids. Un essieu de Dion à l’arrière et des suspensions triangulaires à l’avant y sont greffés. Plus sportif que réellement grand tourisme, la patte de Lawrence est bien réelle.

Mais quel moteur et quelle carrosserie choisir pour cette super voiture ? C’est là que rapidement l’histoire dérape. La naïveté des hommes qui sont les concepteurs de ce magnifique projet va les entraîner sur une pente savonneuse.  Dans sa présentation initiale, la robe de la Monica dont la ligne est peu flatteuse évoque une Panhard à quatre portes. Les premières mésententes dans le groupe de travail apparaissent très logiquement.

Côté motorisation, Jean Tastevin place Ted Martin à la tête du développement du moteur. Le britannique va partir du propulseur qu’il a conçu pour la compétition (un V8 2 litres) et le réaléser à 3.400cc. Tastevin et ses associés envisagent alors de confier le montage des moteurs à Rolls-Royce, mais le moteur Martin ne donnera jamais de bons résultats en raison d’abord d’une puissance insuffisante d’abord et d’un manque flagrant de fiabilité ensuite. A ce stade de l’aventure, les deniers de la caisse s’en vont rapidement, les comptes sont dans le rouge, le projet fait du sur place.

L’équipe de Jean Tastevin, Henri Szykowski en tête semble néanmoins se reprendre et change de designer. C’est désormais Tony Rascanu un roumain transfuge de Bertone qui va « habiller » Monica. Rascanu va signer un chef d’œuvre en dessinant une voiture élégante et racée.  Ferrari, Maserati, la Monica semble avoir hérité de tout ce qui fait le charme des belles italiennes. monica560c.jpg

Mais la triste histoire se poursuit. Vignale est choisi pour carrosser la voiture tandis que les différends culturels avec la partie anglaise de l’équipe se multiplient. Vignale décède brutalement, le prototype est récupéré et renvoyé en Angleterre chez Airflow Streamlines. Tony Rascanu disparait à son tour et c’est alors David Coward qui finalise le 4è prototype. 

Jean Tastevin et Henri Szykowski sont alors  au sommet de leurs exigences en matière de qualité. Bientôt le haut de gamme britannique devient ridicule en face de la Monica qui tend vers la haute couture.  La presse française tient l’aventure à l’œil. Et si vraiment la Monica devenait le joyau de l’industrie française… ?

Et le moteur ? Monica est une jolie plante de 1.850 kg mais son anémique 3.4 briton n’enchante guère les foules. Jean Tastevin est désormais à bout de souffle. Jamais son auto ne sera à 100% originale. La mort dans l’âme, il choisit le V8 Chrysler cubant 5.6 litres pour propulser la Monica 560.

Enfin en mars 1973, la Monica 560 est présentée au salon de Genève. Le 5 octobre Monica charme le salon de Paris, un jour plus tard, la guerre du Kippour est déclarée déclenchant l’embargo de l’OPEP sur les livraisons de pétrole.

Le 7 février 1975, l’annonce de la fin de la production de la Monica est publiée.

Une belle et triste histoire pour une auto vraiment originale, non ? Et si vous avez craqué sachez qu’il n’y aura eu que 28 exemplaires produits en tout et pour tout. Il n’existe aucune cote officielle de cette voiture. La voiture de Chris Lawrence a été vendue en 2011 pour 70.000€, je pense que cette voiture aussi rare que belle valait bien mieux que çà…

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MD.png, avr. 2018