Dans le cahier des charges d'Heinrich Klie (le concepteur de cette voiture), il était noté dés 1966 que la Porsche 914 ne devait pas ressembler à une Volkswagen mais...à une Porsche non plus. Face à cette obligation, le coup de crayon aboutit à un spacieux roadster à moteur central et toit amovible. Aux USA, la 914 était commercialisée par le réseau Porsche, en France, c'est SONAUTO qui en assurait la diffusion et partout ailleurs en Europe, le réseau VW s'occupait de cette tâche. La clientèle Porsche ne s'y retrouvait plus. Suivant la région du globe on achetait donc une Porsche ou...une simple VW. Voilà pour la petite histoire.

Avant de prendre le volant de cette jolie grenouille à la bouille sympathique, effectuons le sacro-saint petit tour du propriétaire. Sous le soleil et un ciel bleu azur, la teutonne resplendit dans sa jolie robe jaune, une couleur très à la mode dans les années 60/70.  

Côté moteur, nous trouvons derrière les deux occupants un 4 cylindres de 1700cc (celui de la VW 411) à injection électronique BOSCH installé en position centrale arrière(gage d'un bon équilibre). Un moulin qui développe modestement 80ch DIN. Pas terrible, tout çà. Mais on le verra plus tard, la Porsche 914 a d'autres atouts pour se faire apprécier.

Avant de démarrer, Yves enlève le panneau du toit et le range dans le compartiment arrière, la météo de ce 21 juillet étant absolument parfaite pour profiter de ce concept "Targa".

"Tombons" dans le siège. Jambes allongées, nous découvrons un tableau de bord typique à Porsche avec ses grands cadrans ronds et un fin volant à 4 branches en cuir. Contac: le moteur s'ébroue docilement avec le sifflement caractéristique de la VW Coccinelle. Le pédalier est également celui de la Cox avec ses articulations anachroniques dans le plancher. Première en bas à gauche (un peu difficile à trouver) et c'est parti.

Je retrouve dés les premiers hectomètres ce léger "flou" dans la direction lorsqu'on évolue en ligne droite, une autre particularité des Porsche de ces années-là. Le freinage qui est confié à 4 disques est quand à lui efficace et ralenti sans problème la voiture. Le VW 1700cc est franchement anémique mais dans les courbes, la 914 vire bien à plat et avec une sérénité totale. Le rythme augmente et son conducteur se sent parfaitement à l'aise. Inévitablement, la remarque qu'on se fait, c'est qu'on voudrait bien dans notre dos un groupe propulseur digne de ce comportement routier de GT.

Le confort est appréciable et les deux adultes ont de la place sans devoir se serrer les coudes. La 914 permet de voyager loin, elle n'est pas fatigante. Est-elle finalement une Porsche ou une VW en tenue de sport? Telle est la question. Boudée par le public, sa carrière ne durera hélas que jusqu'en 1976. 

Mon bilan au final de cet essai est cependant largement positif. La 914 est une auto vraiment très plaisante avec ses particularités et de bonnes qualités de base. Le seul réel bémol vient de la commande de boite de vitesse. Le grand levier semble planté dans la mayonnaise et j'ai eu beaucoup de difficultés à passer les rapports sans me louper. Toutefois, l'étagement de la boite est absolument parfait. 

Au volant, le temps a passé (trop) vite tant cette Porsche mal aimée et méconnue est terribement attachante. Mais il est temps de rentrer car nos hôtes ont eu à coeur que cet essai plein de gaieté se termine par un pur bonheur gustatif. A table, donc! 

Merci à Yves pour sa confiance et à Corinne pour son accueil.

 

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