La DS 21 cabriolet est l'oeuvre de Chapron, Maître-artisan de Levallois-Perret. Le premier cabriolet est présenté lors du Salon de Paris en 1958 dans une version marron clair métallisé assez ostentatoire et bourrée de chromes. Heureusement la seconde version sortie en 1960 connaît une notable épuration et présente des aîles arrières embouties en une seule pièce et des portières allongées. Ces changement améliorent efficacement l'impression de classe que dégage ce cabriolet. De son côté Citroën présente une voiture quasiment identique. Très intelligent sur le coup, Chapron sauve son entreprise en signant un accord avec le constructeur français. Il n'y a de la place que pour une seule DS cabriolet! Il assurera la sous-traitance.

Un demi-siècle plus tard, cette espèce de batracien semble toujours aussi bizarroïde et il faut avouer qu'aucune autre auto ne lui a ressemblé depuis. Si la DS berline surprend encore de nos jours, que dire de la version cabriolet avec son air de canot échoué sur le bitume?

Si elle peut ne pas séduire la majorité, j'avoue personnellement qu'une fois la capote rabattue, la DS Chapron possède un charme incontestable. Installé derrière le grand volant à jante unique, on sent que la magie opère. Déjà le cuir accueillant des sièges offre un sentiment de confort total et un coups d'oeil sur le tableau de bord aux instruments signés Jaeger, aux manettes et leviers de tous genres en passant par cet original frein "téton de Vénus" qui remplace la traditionnelle pédale de frein nous fait dire qu'on ne va pas s'ennuyer au volant de cette auto atypique.

Je  me souviens en souriant qu'il fallait faire partie de la secte des adeptes du Double Chevron pour mettre l'engin en marche: contact sur le tableau de bord à gauche et action du petit levier de vitesse derrière le volant et la centaine de chevaux s'ébroue avec discrètion. Ensuite, déverrouiller le frein à pieds qui immobilise l'auto et surtout, attendre que l'hydraulique "remonte" la caisse. Enfin, on peut s'élancer sur un filet de gaz, tout en douceur. Pour passer les vitesses, il suffit de couper les gaz et de pousser le levier vers la droite. La boite hydraulique semi-automatique réagit au quart de tour et avec onctuosité pour propulser le canot à roues vers le prochain virage. Une caresse du bout du mocassin sur le "téton" ralenti efficacement l'engin. Facile à écrire sur le papier mais conduire cette original cabriolet n'est cependant pas si simple. Dans les courbes la DS Chapron tient bien le pavé malgré un léger sous-virage. Sa suspension légendaire avale les trous et les bosses avec une déconcertante facilité mais une légère impression parfoit dérangeante de "flotter" dans l'espace ternit un peu l'expérience.

Ni roadster British, ni tape à l'oeil transalpin, ni noble et rigide teutonne, la Citroën DS 21 Chapron est-elle bien une auto? On dirait plustôt un bateau, non? Mais son charme opère cependant. Le coude à la portière et les cheveux au vent, c'est une notion de plaisir qui perdure au volant.

Je me souviens des sourires et des pouces levés des autres usagers de la route lors de l'essai mené sur les routes brabançonnes tant la Chapron dégage de la sympathie.

Attention, pour ceux qui seraient intéressés, par l'acquisition de cet OVNI, il faut savoir qu'i s'est envolé vers les hautes sphères quand on parle d'Euro. Sur une production totale de 1.150 unités en version cabirolet, seules 483 DS21 ont été construites et la Belgique n'aura connu que 74 exemplaires. On parle dorénavant de plus de 60.000 € avec des maximas de 110.000€.

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