Elle était belle cette petite GT construite en petite série entre 1962 et 1965  avec ses incroyables rondeurs et sa jolie robe rouge et c'était avec une grande excitation que j'avais actionné la poignée encastrée dans la portière pour découvrir un intérieur efficace et sobre au niveau de l'instrumentation. Ma référence en matière d'Abarth était à l'époque, la célèbre"595 Esse Esse" et je pensais être en terrain connu en glissant mon mètre quatre-vingt derrière le beau volant orné en son centre du sigle cher à Carlo: le Scorpion.

La Monomille est une très petite voiture. Elle mesure 117 cm de haut et je du me faire un solide double menton afin que mon crâne ne cogne pas contre le toit à la première bosse de la chaussée. Par contre, le poste de pilotage était digne d'une authentique Grand Tourisme du début des années 60. Jambes écartées et volant contre les cuisses, j'étais certes loin des standards actuels de l'ergonomie de nos déplaçoirs modernes, néanmoins l'excellente finition et le subtil parfum sportif qui se dégageait de l'ensemble faisaient que je me sentais vachement bien à bord.

Le moteur 982cc démarra au quart de tour dans des jappements rauques émis par les sollicitations de mon pieds sur l'original  l'accélérateur commandé par un câble apparent dans l'auto. Lorsque la température fut atteinte, les jappements précités firent place à une musique bien plus rageuse. 

Immédiatement, je fis corps avec l'auto tant les commandes rigides et les réactions vives passaient toutes les informations nécessaires à un pilotage sain. Les freins avaient du mordant mais me demandèrent un peu d'adaptation. Une vraie auto de course cette Monomille. Certes, elle ne développait que 85 chevaux mais son poids plume de 560 kg la rendait agile et nerveuse. Un véritable régal! Je me sentais un peu comme dans une mini Porsche 911 de cette époque. Hélas, il fallut bien la rendre à son propriétaire.

En tous cas, Carlo Abarth, décédé en novembre 1979, n'avait pas loupé son coup en voulant donner le meilleur matériel et les meilleures performances possibles au plus grand nombre de pilotes.

La Monomille est une voiture très rare et un exemplaire comme celui que j'avais essayé en février 2001 atteignait déjà la coquette somme de 80.000€.

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